Certains enfants, pour des raisons inexpliquées, développent un refus anxieux scolaire et n’arrivent plus à reprendre le chemin de l’école. Une prise en charge spécifique est alors nécessaire face aux manifestations anxieuses importantes observées chez ces jeunes. La multiplicité d’expressions symptomatologiques associées au refus anxieux scolaire rend le diagnostic complexe et nécessite une coordination rapide entre le soin, la famille et l’école. L’enfant, qui souffre du refus anxieux de l’école, diminue à court terme son anxiété en se tenant à distance de la situation anxiogène. Ces conduites d’évitement renforcent l’anxiété de l’enfant et le maintiennent dans des anticipations et des interprétations négatives.
La thérapie par exposition à la réalité virtuelle est un outil de restructuration des pensées irrationnelles et de rééducation de l’attention. Elle permet à l’enfant, grâce à une exposition graduelle à la situation anxiogène, de reprendre progressivement le contrôle de son
attention, de la rediriger et de la diversifier.
Qu'est ce que le refus anxieux scolaire
Le refus anxieux scolaire fait partie des troubles anxieux. Il s’agit de manifestations anxieuses observées chez 1% des enfants et adolescents en âge d’aller à l’école. Les angoisses peuvent être majorées par la simple idée de devoir se rendre à l’école. L’évitement scolaire demeure la manifestation commune aux différentes situations rencontrées dans le cadre du refus anxieux scolaire. Ces enfants, qui ne peuvent pas aller à l’école, diffèrent de ceux qui ne veulent pas aller à l’école du fait des troubles de conduites. Il existe cependant des formes mixtes associant les troubles de conduite et le refus anxieux scolaire avec des impacts sur l’équilibre psychique du jeune, dans ses apprentissages et dans ses interactions sociales. La multitude d’expressions symptomatiques associées au refus anxieux scolaire rend le diagnostic complexe et nécessite une prise en charge rapide de l’enfant, ainsi qu’une coordination du soin, de l’école et de la famille.
Mécanisme de refus anxieux scolaire
Deux mécanismes sont observables dans le refus anxieux scolaire :
▪ Les manifestations émotionnelles (panique) et physiques (douleurs abdominales, maux de tête, essoufflement) souvent au premier plan.
▪ Les conduites d’évitement des situations anxiogènes.
Ces deux mécanismes potentialisent le syndrome anxieux et réduisent les chances de vaincre la phobie. En effet, plus le jeune évite la situation anxiogène, plus il a peur d’y être confronté de nouveau et plus il réduit ainsi ses chances de vaincre sa phobie et de retourner à l’école.
Historique et évolution de refus anxieux scolaire
Le concept de refus anxieux scolaire remonte du XIXème siècle avec l’instauration de l’école obligatoire en 1882. En 1887, Alfred Binet, pédagogue et psychologue français, décrit un cas de peur d’un enfant devenant mutique à son arrivé à l’école. Plusieurs années plus tard, en
1911, Carl Gustave Jung, médecin psychiatre suisse, expose le cas de « refus névrotique » observé chez une jeune fille de 11 ans qu’il décrit comme souffrant d’un complexe d’œdipe envers un professeur. En 1941, A.M Johnson, psychiatre américaine, définissait le refus anxieux scolaire comme « une intense terreur associée au fait d’être à l’école ». Selon elle, les relations de dépendance mal résolues entre mère et enfant seraient la principale cause de cette phobie. En 1974, Julian de Ajuriaguerra, europsychiatre et psychanalyste français, apporte une définition du refus anxieux scolaire en décrivant « des enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions d’anxiété très vives ou de panique quand on essaie de les y forcer ». Cette définition restera à ce jour une référence dans la compréhension du refus anxieux scolaire.
Identifier le refus anxieux scolaire
L’angoisse est bien souvent au premier plan des manifestations observables dans le refus anxieux scolaire. Elle peut être verbalisée par l’enfant ou s’exprimer de façon implicite par des troubles somatiques. Le refus scolaire va d’abord se manifester par une détresse émotionnelle intense avec somatisation.
Les trois symptômes les plus couramment rencontrés sont ceux du système nerveux autonome (céphalées, sueurs et vertiges), les troubles gastro-intestinaux, et les troubles musculaires (Bernstein etal., 1999) Nous pouvons observer une majoration des crises d’angoisse lors de la confrontation à la situation anxiogène ; c’est notamment une situation
observée chez les enfants au moment de se rendre à l’école. Les symptômes peuvent également être observés par anticipation (Desombre et al. ; 1999) à une situation future, dangereuse et représentant une menace pour la sécurité du jeune.
On peut observer chez le jeune souffrant de refus anxieux scolaire des états de panique et des états d’agitation
Faits declencheurs du refus anxieux scolaire
Le refus anxieux scolaire n’est pas une phobie spécifique de l’école. Plusieurs pistes sont donc à explorer face à un jeune qui présente des troubles anxieux associés à une crainte de se rendre à l’école.
L’enfant qui a subi des violences physiques, psychologiques, harcèlement, racket, viol ou agressions sexuelles peut craindre d’être de nouveau confronté à ses harceleurs. Les conduites d’évitement sont alors mises en place et permettent au jeune de se mettre à l’abri des situations anxiogènes.
Un décalage peut exister entre l’univers social et l’univers scolaire de l’enfant et provoquer une insécurité chez le jeune qui n’arrive pas à s’adapter. L’entourage familial, les parents peuvent, quelques fois, être en attente d’une ascension sociale de la part du jeune au risque de provoquer ou d’accentuer le refus anxieux scolaire.
Enfin les troubles émotionnels et comportementaux peuvent être des facteurs déclencheurs de certaines situations de refus anxieux scolaire.
Facteurs de maintien du refus anxieux scolaire
L’enfant, qui souffre de refus anxieux scolaire, met en place des stratégies d’évitement pour ne pas se confronter à la situation anxiogène. Bien souvent les adultes qui accompagnent l’enfant soutiennent la scolarisation et tous les avantages liés aux apprentissages. La contrainte à la scolarisation peut majorer l’anxiété de l’enfant et renforcer l’évitement de l’école. Il est donc important de privilégier une reprise progressive, voire l’arrêt temporaire de l’école, afin que l’enfant puisse progressivement trouver les moyens de se confronter à ses phobies et vaincre ses peurs. Les situations de harcèlement maintiennent l’enfant dans le refus anxieux scolaire et renforcent son sentiment d’être anormal et isolé. Il convient donc d’investiguer du côté des interactions sociales toxiques, réelles et virtuelles de l’enfant pour l’aider à s’en sortir.
L’absence de prise en charge rapide du refus anxieux scolaire est l’un des facteurs de maintien les plus importants. Il est conseillé de prendre en charge le refus anxieux scolaire dès les premiers signes et dans les 10 mois qui suivent les premiers symptômes afin d’éviter la mise en place des stratégies d’évitement et l’installation de bénéfices secondaires acquis en restant à la maison. Les pensées et croyances dysfonctionnelles engendrent des réactions inadaptées, impactent les relations sociales de l’enfant et le maintiennent dans des anticipations et des interprétations négatives et anxiogènes. La culpabilité parentale nait et grandit face aux difficultés scolaires de l’enfant. L’attitude de l’enfant et son impossibilité à aller en cours peuvent être remises en cause par les parents en difficulté. Leurs remarques négatives et dévalorisantes vont renforcer l’anxiété de l’enfant. Des investigations sont nécessaires dans les situations de refus anxieux scolaire pour vérifier la présence ou pas d’autres pathologies comme une dépression, des tocs, un trouble anxieux ou des troubles de conduite alimentaire qui peuvent complexifier le diagnostic et la prise en charge.
La thérapie virtuelle pour traiter la phobie scolaire
La thérapie par exposition à la réalité virtuelle est basée sur les thérapies par exposition utilisées en Thérapie cognitivo-comportementales. L’objectif premier de la thérapie virtuelle est de déconditionner, c’est-à-dire de remplacer la réponse comportementale dysfonctionnelle pour acquérir un comportement plus fonctionnel, plus adapté.
La thérapie virtuelle génère chez la personne les mêmes émotions, les mêmes pensées et les mêmes réactions que celles que peuvent ressentir les personnes dans la vraie vie.
Les environnements d’exposition restent modulables et adaptables à chaque patient selon ses besoins afin que l’immersion reste progressive
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